C’est là qu’hier j’ai croisé une connaissance. C’est un golden retriever qui s’appelle Eros. Je m’étais déjà demandé pourquoi on lui avait donné le nom d’un dieu grec, le dieu de l'amour, mais j’ai vite compris : c’est un amour ce cabot ! Toutes les chiennes du coin lui tournent autour avec des yeux énamourés !
On ne s’était pas vu souvent, mais il m’a tout de suite reconnu. J’étais vraiment content de le voir, car il m’a parlé de ses copains-zumins que je connaissais, Thierry et Nadine, et aussi de Steph, mais aussi il m’a parlé de Robert et Bruno. Quand je dis « parlé », c’est pour que vous compreniez. Mais bien entendu, nous les chiens, on ne parle pas plus ici qu’on ne le faisait sur terre. On dialogue par la pensée. C’est facile, discret et ça fait pas de bruit. On le faisait déjà dans notre ancienne vie. Entre chiens, car avec vous les zumins, ça ne marchait pas fort. Souvent vous nous demandezv "la patte", mais vous n'êtes pas très "télé-pattes"…
Donc nous étions assis tous les deux au bord du ruisseau et il m’a raconté sa vie, ses derniers jours quand il était malade… ça m’a rappelé bien des souvenirs… Le cancer, j’ai aussi connu… Au bout d’un moment, un autre canidé est venu se coucher près de nous, puis un second, puis un troisième. On s’est tous présentés. Moi c’est Jimmy, moi c’est Eros. Moi c’est Olaf, moi c’est Elliott, moi c’est Bill… Et on s’est parlé comme ça jusqu’au coucher du soleil. (Bien sûr que le soleil se couche ici aussi ! Et c’est vachement beau, je peux vous le dire !)
Vous aurez compris qu’ils avaient tous eu Thierry et Nadine comme copains-zumins sur terre. (Nous on ne parle jamais de « maître ») Et vous me croirez ou non, quand il a commencé à faire noir, une bande de chats nous a rejoints. Ils ne se sont pas tous présentés. ( Les chats sont souvent un peu snobs.) Mais je sais qu’il y avait une Julie, une Ronronette, un Caramel, une Charlotte… Et bien, on a papoté comme ça jusqu’à minuit. A parler des zumins et de nos souvenirs de nos passages sur terre. Et ils étaient bien contents d’avoir des nouvelles de tous ceux qu’on a aimés. On a parlé promenades, des bêtises qu’on a faites, (Bill et ses 500 gr. de pralines nous a bien fait rire !) des jouets qu’on avait, de nos baballes préférées. Moi je les ai scotchés en leur racontant mes souvenirs de quand je travaillais dans le cinéma chez Belga Films. Ils n’en revenaient pas !
Pour ne rien vous cacher, j’ai vu briller quelques larmes aux coins des yeux de certains. Pour ne pas dire de tous. Moi compris. La seule chose ici qui nous rend parfois un peu tristes, c’est de savoir que vous nous pleurez. Faut pas ! Nous avons eu bien de la chance de tomber sur vous. Je peux vous dire qu’on rencontre ici des chiens et des chats qui ont eu la vie bien dure sur terre. C’est pas croyable les histoires qui se racontent ici.
Après on s’est quittés en se promettant de se revoir tous très vite. Eros m’a demandé s’il pouvait encore donner des nouvelles par mon intermédiaire car il ne connait pas internet. Et il vous envoie plein de lèlèches ! Et puis, il est parti tout content en remuant de la queue… Il avait rendez-vous avec une jolie labrador et moi je devais retrouver un certain Bright qui avait des trucs à me dire, semble-t-il. Alors… à plus les copains !