Le propre d’un blog c’est de comporter des textes vachement intéressants – surtout pour leur auteur ! Mais, bon… c’est toujours
ça… au moins j’ai un lecteur assidu : moi !
Il y a quelques jours, je mettais en ligne un petit « reportage » sur la route des cisterciens et notre séjour à Poblet. Ca m’a ravivé plein de souvenirs sur ces vacances passées là un demi-siècle plus tôt, et sur les deux « arrêts-nostalgie » de ce
voyage.
C’est donc mon papa à moi, et son épouse (que j’appelle toujours – pour rire - ma marâtre) qui nous emmenaient, ma cousine Nadine et moi, pour la
première de notre vie en Espagne, à bord d’une superbe coccinelle. (A l’époque, avec VW, pas de problème !)
Le premier arrêt-nostalgie fut pour papa. Ce fut La Neuville Housset (Aisne) où il avait vécu quelques années dans sa
jeunesse.
C’était vers 1924 que son père, Alfred Jamin, et le beau-frère de ce dernier, Paul Vandersmissen, y avait exploité une ferme modèle de
450 hectares dans le but d’y expérimenter les tracteurs agricoles Ford, le beauf en question étant collaborateur d'Henri (Ford).
Alfred et Paul devaient avoir autant la fibre agronomique que moi, car La Neuville Housset fut leur bérézina financière… Nous n’y
avons vu que l’entrée de la ferme, mais on a tout de même fait une photo (floue) de Nadine à l’entrée du village…
Le second arrêt-nostalgie fut pour moi lors du voyage de retour.
Nous rentrions à Liège et à moins de 60 km du but, papa décida de faire un arrêt pour souper à Marche en Famenne, façon de terminer
les vacances en beauté.
Marche en Famenne, pour moi, c’est huit années de mon enfance. De celles qui marquent. Et ça me faisait bizarre de me retrouver attablé
à l’hôtel de la Cloche qui, quand j’étais enfant, représentait le summum du luxe. Un endroit totalement inaccessible.
Papa aimait le bourgogne. Est-ce celui que nous avons bu qui le mit en verve jusqu’à Liège ? Tout en roulant, il nous fit un
véritable sketch : le belge de retour d’Espagne.
C’est un drôle de pays, l'Espagne ! Je rentre dans un bar pour boire
une bière. Je demande une Jupiler, ils comprennent rien. Une Stella ! Une Maes… rien ! Je vois un gars, au bar à côté de moi, qui boit un verre de vin et comme j’ai vraiment soif, je
dis « allez, servez ça ! »
Le barman dit « Aaah, servez çà ! » Tu vas pas le
croire… là il me sert une bière !
Le sketch ne s’arrêta qu’une fois arrivés à Liège…
Une fois dans mon lit, j’avais toujours dans la tête tous ces souvenirs qui se bousculaient. L’Espagne, Marche en Famenne… car sur la
route de Liège, nous étions passés devant la maison où j’ai grandi
.
Je m’y revois avec mes grands parents, sur mon vélo neuf. (qui est cette dame à côté de moi ?)
Je suis avec mes frères au fond du jardin ou sur un banc avec maman...
Je revois la classe de monsieur Ferry, un instituteur qui me foutais une trouille
d’enfer mais qui m’a appris tant de choses… Par exemple, aujourd’hui, je n’ai aucune difficulté à estimer une surface. Vous voyez ces deux carrés noirs
au-dessus du tableau ? Ils représentent un mètre carré. A gauche, dans le coin, il y a le mètre cube. A droite, il y avait le litre, le décilitre… Je ne les ai jamais oubliés… Et je n’ai
jamais oublié non plus monsieur Ferry et son cocker…
En m’endormant, je n’ai pas chantonné la chanson de Françoise Hardy : elle n’est pas encore écrite, elle ne l’interprétera que
six ans plus tard…:
Quand je me tourne vers mes souvenirs
Je revois la maison où j'ai grandi.
Il me revient des tas de choses
Je vois des roses dans un jardin.
(…)
Quand j'ai quitté ce coin de mon enfance,
je savais déjà que j'y laissais mon cœur.
Nostalgie ? Sans doute… Comme le disait, je ne sais plus qui « Quand on a dépassé les 60 ans, pour voir loin, il faut
regarder vers le passé… »
Ah, oui, je me souviens : c’est de moi !
Quelques vieilles cartes postales de Marche en Famenne, d’avant mon époque…
à gauche : panorama de Marche en Famenne
à droite : coin Porte Basse
en dessous : l'institut Saint Remacle
Bon... la nostalgie, c'est bien, mais là je dois aller chercher du bois pour le feu...