C’est en novembre dernier que nous avons effectué ce petit voyage en catalogne espagnole sur « La ruta del Cister » qui compte trois fabuleux joyaux : le Monastère Royal de Santa Maria de Poblet, le Monastère Royal de Santes Creus et le Monastère Royal de Santa Maria de Vallbona.  

Le but du périple était de fuir la maison où nous venions de perdre notre Jimmy. Et pour moi aussi de revoir Poblet, lieu de mes premières vacances espagnoles dans les années 60…

Et ça n’a pas manqué… les souvenirs sont revenus en pagaille, quelques 50 ans plus tard : je me revois dans le jardin de l’hôtel avec ma cousine Nadine et toute une bande de jeunes espagnols chantant « Adios muchachos » qu’ils essayaient tant bien que mal de nous apprendre… Nostalgie…

     Adiós, muchachos, compañeros de mi vida,
     barra querida de aquellos tiempos.
     Me toca a mí hoy emprender la retirada,
     debo alejarme de mi buena muchachada.
     Adiós, muchachos. Ya me voy y me resigno...
     Contra el destino nadie la talla...

Aujourd’hui l’hôtel n’en est plus un, mais le bâtiment est toujours là, abritant une école anglaise.
Le monastère, que j’ai connu en bien mauvais état est aujourd’hui magnifiquement restauré. Mais avant toute visite, un peu d’histoire :

Les cisterciens.

1098. Deux ecclésiastiques français, Robert et Alberic et un anglais Etienne Harding, accompagnés de 21 moines, créent leur Novum Monasterium au sud de Dijon, dans la forêt de Cistels.
 Ces futurs saints veulent opérer un retour aux sources du monachisme bénédictin : isolement et pauvreté afin d’atteindre  la communion avec Dieu. Le monastère qui prendra en 1119 le nom de Citeaux essaimera très vite dans toute l’Europe. A la mort d’Etienne en 1134, l’ordre ne compte pas moins de 70 abbayes cisterciennes en France, mais aussi en Allemagne, en Italie, en Angleterre.

Le monastère de Poblet
  C'est l'abbaye cistercienne habitée la plus grande d'Europe. Elle  est fondée en 1151 à la demande de Berenger IV comte de Barcelone et marquis de Provence par des moines venus de Fontfroide pour célébrer la « Reconquista ». Berenger était déjà à l’origine de la création de l’abbaye du Thoronet 15 ans plus tôt.

Les rois d'Aragon prirent le monastère sous leur protection et choisirent même d’y dresser leur panthéon. Il abrite plusieurs lieux somptueux, comme la chapelle Sant Jordi, la Plaça Major, le Cloître, le panthéon royal et encore une fascinante salle capitulaire, un retable monumental et bien d'autres merveilles.
Le Monastère de Poblet est rentré au patrimoine mondial de l'Humanité en 1991et ce n’est que justice pour tant de merveilles.

Quelques kilomètres seulement séparent Poblet de Vallbona.

 Le Monastère de Santa Maria de Vallbona.


Lui aussi de 12^e siècle, est le plus important monastère cistercien féminin de Catalogne. Il mérite une visite surtout pour son cloître dont chacune des galeries arbore un style différent : arabe, roman et gothique.

Le Monastère de Santes Creus 

Frère de Poblet, le Monastère de Santes Creus fut érigé à la même époque et confié à des cisterciens de Toulouse. Plusieurs bâtiments notables : la porte Royale qui permet d'accéder au magnifique grand cloître. La salle capitulaire qui dégage une impression de grande pureté architecturale. L’Église enfin, qui abrite le mausolée de Pierre le Grand, et celui de son fils Jacques II le Juste et son épouse Blanche d'Anjou. (Avant la visite, ne pas rater le spectacle audio-visuel, pour une fois remarquablement bien fait)Sur la route du retour on s’arrête à Vic. La vieille ville est célèbre pour son architecture médiévale et sa très belle plaza Mayor et ensuite à Ripoll.

Le Monastère Royal de Santa Maria de Ripoll mérite cet arrêt pour son cloître et surtout pour l’incroyable portail monumental, considéré comme l’un des monuments les plus importants de la sculpture romane. Cet « arc de triomphe du Christianisme » est une transcription dans la pierre de la bible et retrace le chemin du chrétien vers la vie éternelle.

Voici bien un voyage qui prouve que cette région est magique quand on prend la peine de quitter la côte : trois superbes monastères proches les uns des autres, des paysages magnifiques, une route de retour riche en découvertes… de quoi passer deux ou trois jours sur la « ruta del Cister » pour un périple qui assurément marque la mémoire. (quelques photos supplémentaires en fin d'article)

Mais comme il faut aussi manger et dormir, voici quelques bonnes adresses :

 À Poblet :

HOTEL MONESTIR

à 600 m. du Monastère l’un des plus anciens hôtels de Catalogne (fondé en 1860).  Tout à fait correct.

http://www.hotelmonestir.com/

Sur la route de Santes Creus à El Pla de Santa Maria

restaurant CAL VIDAL

Sindicat, 4

C’est moche comme un bistrot de village, c’est tenu par des gens plus que sympas, c’est très bon et c’est pour rien ! (ou presque)

 À Les Pobles (Santes Creus)

Notre coup de cœur :

HOSTATGERIA DE CELMA HOTEL

Tout à côté de Santes Creus, une adresse remarquable qu’on voudrait garder pour soi ! Un accueil chaleureux, on y mange les légumes (bios) du jardin, c’est cosy, c’est beau.

Un petit tour sur leur site vous convaincra mieux que tout le bien que je peux en dire :

http://hostatgeriadecelmahotel.com/

à Vic :

BASSET RESTAURANT
C. Sant Sadurni, 4 - Vic

Pas loin de la cathédrale un restaurant plutôt branché où l’on sert une cuisine contemporaine au prix… d’autrefois.

 D'autres images :
Poblet : le rétable

Santes Creus : le cloître


Vallbone : salle capitulaire. Ci-dessous : le cloître



photos : Robert

Situé dans le massif des Aspres, au cœur d’une forêt de chêne-verts, Santa Maria de Serrabona est une église fondée au XIe s. En 1082, des moines y installent une communauté suivant la règle de Saint Augustin. (Serra bona signifie la bonne montagne en catalan)

Le prieuré construit en schiste se dresse dans un site splendide sur le versant de la montagne dominant la vallée du Boulès. On y voit toujours un petit cimetière attenant.

Abandonné en 1612, le prieuré tomba en ruine. Remarqué par les archéologues, il est visité par Mérimée en 1834 et devient l'un des tout premiers "monuments historiques", mais il fallut attendre la fin du 19e pour que la restauration ne commence réellement.

Serrabone abrite deux véritables trésors marquants de l’art roman roussillonnais:  

Le cloître, constitué d'une seule galerie orientée plein sud, est rythmé par trois piliers séparant des séries d'arcades. Le décor sculpté se déploie sur les huit couples de chapiteaux en marbre.

La tribune, entièrement taillée dans du marbre rose est considérée comme l'exemple le plus remarquable de l'époque romane en Pays Catalan. Le marbre du Conflent contribue à magnifier le chef d'œuvre des artistes sans nom qui l'ont faite, sans doute peu avant 1150. On y découvre un bestiaire fantastique de lions, griffons ainsi que des décors floraux rappelant les thèmes d'influence orientale habituels aux sculpteurs romans du Roussillon. 

Les ruines du château d'Aguilar sont perchées sur une colline dominant la plaine de Tuchan.

la plaine de Tuchan

Fondé au XIème siècle, le château fut occupé par les troupes de Simon de Monfort en 1210, lors de la croisade contre les albigeois.

C'est après cette croisade qu'il acquiert pour le roi de France une grande importance stratégique, il est donc reconstruit pour devenir l'un des fameux "Cinq Fils de Carcassonne", surveillant la frontière avec le Royaume d'Aragon.

Pris par les espagnols en 1525 et en 1543, il est déclassé en 1659 à l'occasion du traité des Pyrénées, qui lui fait perdre sa situation stratégique, le Roussillon étant intégré au royaume de France.

Ce que l’on nomme communément les « châteaux cathares » ne sont donc en fait que des forteresses bâties par le roi de France, les sites ayant abrité des cathares ayant été rasés lors de la construction de ces citadelles.